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Histoire du web#

Introduction#

Il existe beaucoup de ressources racontant comment s’est monté ce grand réseau de machines que l’on nomme aujourd’hui Internet. Le but de cette page est de rappeler les grands moments de cette histoire afin surtout d’insister sur les éléments de vocabulaire et les outils nécessaires à la suite du cours. Il est en effet important pour les professionnels du web de savoir, même de manière approximative, c’est à dire sans rentrer dans les détails techniques de la mise en place et de la gestion des machines, sur quoi repose “le web” et comment ce dernier fonctionne. Et une introduction chronologique de ces éléments est un très bon moyen d’illustrer comment tout s’est mis en place.

Les communications au 20em siècle.#

Avec le développement rapide du chemin de fer au cours du 19em siècle, les communications physiques de biens et de personnes ont connu un essort sans précédent dans le monde entier et ont drastiquement transformé le paysage économique et industriel. Dans le siècle suivant, deux guerres mondiales ont illustré les progrès extrêmement rapides dans les capacités de production et dans les moyens techniques dont les pays occidentaux étaient capables, malheureusement pour le pire. On fait parfois remonter la première machine de calcul automatique programmable au calculateur “Colossus” mis au point pour déchiffrer les codes allemands. Les ordinateurs ont depuis connu eux aussi des développements remarquables notamment depuis l’utilisation des transistors et des micro-processeurs, augmentant le nombre d’opérations réalisables de plusieurs ordres de grandeurs. Colossus réalisant 5000 opérations par secondes alors que les ordinateurs modernes les plus rapides en font plusieurs milliards de milliards ($\approx{}10^{18}$ en 2025). La multiplication des capacités de calcul a permis de plus en plus d’utilisation des ordinateurs, d’abord réservé aux calculs scientifiques et militaires pour se tourner de plus en plus vers les tâches de bureautique et de communication. À partir des années 50, le principal problème à résoudre est de trouver comment transmettre des informations entre les ordinateurs.

D’ARPANET à Internet#

Parmis les agences américaines qui se sont penché sur le sujet, l’Advanced Research Projects Agency (ARPA) a joué un rôle important en soutenant un des projets pionners dans le domaine. À la fin des années 60 est lancé un projet de communications entre ordinateurs sous le nom d’ARPANET. Ce dernier permettra la mise au point les premiers protocoles de communication entre ordinateurs (Network Control Protocol, Telnet ou le File Transfer Protocole encore utilisé aujourd’hui). Cette collaboration impliquait plusieurs centres de recherche aux États-Unis dont le centre de recherche de Stanford et diverses universités américaines.

La première communication entre ordinateurs a lieu en 1969 entre deux ordinateurs de l’UCLA (University of California, Los Angeles) et de Stanford à la vitesse phénoménale de 50kbit/s1. À la fin de l’année, le réseau est rejoint par deux nouvelles machines de l’université Santa Barbara et de l’université de l’Utah. À la fin de l’année 1973, l’introduction des emails fait significativement augmenter le traffic sur le réseau ARPANET, et ce dernier contient plusieurs dizaines de machines réparties dans tous les états-unis d’Amérique. Le réseau relie la côte est et la côte ouest en contenant quelque points au centre du pays comme dans l’Illinois, ainsi que quelques postes européens.

Carte du réseau Arpanet en 1973

Carte du réseau Arpanet en 1973

Dans la foulée d’ARPANET plusieurs autres réseaux, notamment universitaires et commerciaux vont se développer en parallèle dans le monde. Le réseau français CYCLADES apparait en 1973, et le réseau commercial Telenet (qui a de forts liens avec ARPANET) voit le jour en 1975. Le réseau USENET apparait dans les années 80 et existe encore aujourd’hui. Une réflexion globale sur la mise en commun des protocoles et des services commence dès ces années 70.

Dans les années 80, les bases d’un réseau commun sont proposées, fondées sur le Transmission Control Protocol d’ARPANET et l’Internet Protocol pour former la combinaison TCP/IP. L’introduction du Domain Name System (DNS) en 1983 facilite aussi la communication en remplaçant les adresses entre les machines (des suites de chiffres difficiles à mémoriser) par des noms de domaine en tout lettre.2 Le réseau ARPANET finit par être officiellement fermé en 1990 et laisse la place au réseau Internet tel qu’on le connait aujourd’hui.

Internet et le web#

Internet est donc un réseau d’ordinateur pouvant communiquer ensemble. Ce réseau sert aujourd’hui à beaucoup d’applications allant du GPS aux objets connectés en passant par l’échange d’e-mails ou de multiples applications en ligne. On désigne d’ailleurs cette dernière application par l’acronyme IoT (Internet of Things) en anglais. Cependant ce ne sont pas la première idée qui nous vient en tête lorsque l’on pense à Internet. En effet, l’application grand public la plus commune reste l’exploration du web.

Le web est composé d’un nombre de pages web connectées les unes aux autres par l’intermédiaire d’hyperliens. Ces pages sont contenus sur plusieurs ordinateurs connectés à Internet qui attendent que d’autres ordinateurs se connectent à eux et demandent à connaitre le contenu de leurs pages web. on parle de serveurs pour désigner les ordinateurs qui attendent les connections et de clients pour désigner ceux qui cherchent à consulter les pages web. Grâce aux hyperliens contenus dans les pages, des éléments dans une page peuvent renvoyer à d’autres éléments de la même page, d’une autre page du même serveur ou, parfois, d’une page contenue sur un autre serveur. On désigne l’ensemble des pages situées à la même adresse (ou dans le même dossier) sous le nom de site web ou plus généralement de site internet.

Mais qu’est-ce qu’une page web ou un hyperlien? Une page web est un fichier texte écrit dans un langage particulier nommé HyperText Markup Langage ou HTML. Ce langage permet de signaler l’inclusion d’éléments visuels dans du texte (images, vidéos) ou d’associer des renvois à d’autres page web à du texte ou à ces éléments visuels. Ces renvois sont les hyperliens. Ils ne sont pas visuèlement affichés mais sont compris par l’ordinateur lorsqu’ils sont activés et emmènent le lecteur vers la destination associés lorsque l’on interagit avec eux (généralement par un clic de souris ou en tapotant sur l’écran). Le HTML a été élaboré au Centre Européen sur la Recherche Nucléaire (le CERN) dans les années 90 et en est aujourd’hui à sa cinquième version. Le HTML est un langage qui décrit le contenu de la page, mais pas son apparence. Un fichier HTML seul sera affiché comme du texte noir sur fond blanc et les éléments qu’il contient seront incrustés de manière brute. Pour modifier l’apparence d’une page web, il faut lui associer un fichier contenant un autre langage nommé Cascading Style Sheet (CSS). Ce langage dira au navigateur quelle esthétique utiliser pour afficher les différents éléments d’une page html (titres, images, hyperliens, paragraphes etc…). Il permet de jouer sur la plupart des éléments d’affichage des différents éléments de manière indépendante tels que les couleurs du texte ou de l’arrière-plan, l’espacement entre les caractère, les images de fond, l’en-tête ou le pied de page etc.

Le web est donc une application particulière d’internet et désigne l’ensemble des pages connectées entre-elles. Pour afficher correctement le contenu des pages, les ordinateurs utilisent des programmes que l’on appelle des navigateurs web dont les plus connus sont par exemple Edge, Firefox ou encore Opéra. Ces programmes savent combiner le fichiers HTML et CSS pour afficher les pages web sur les clients web. Dans la suite de ce cours, nous allons voir comment écrire des fichiers HTML et CSS simples pour en comprendre les bases puis comment déployer un site internet à l’aide d’un générateur de site comme HUGO ou d’un Content Management System comme Wordpress.


  1. Un bit correspond à une unité binaire, 0 ou 1. Un kbit correspond à 1000 bits. Dans les encodages modernes comme l’UTF-8, une lettre est composée de 8 à 32 bits. 50kbit/s correspondrait grosso modo à 6000 caractère échangés par seconde. Aujourd’hui les connexions sont de l’ordre du million de bits par seconde soit mille fois plus rapides. ↩︎

  2. Aujourd’hui ces noms de domaines sont accessibles par des URL. Par exemple, le nom de domaine unicaen.fr est associé à l’adresse IP 193.55.120.26, le nom de domaine enthalpiste.fr est associé à l’adresse 46.105.204.28, etc. J’en parle un peu plus bas dans le texte. ↩︎